Nous avions confié nos fils autistes adultes à une institution spécialisée du canton, persuadés de la sincérité du projet. La mission affichée de l’institution étant le bien-être des résidents et celui des collaborateurs.

Le groupe s’est construit en 2011 sur la base d’un projet pilote bâti autour d’un résident. Entre 2012 et 2013 cinq jeunes autistes l’ont rejoint, trois d’entre eux provenant d’une structure éducative spécialisée.

L’institution avait réussi à engager un bon mélange de spécialistes et d’éducateurs apparemment très motivés. Pourtant la situation s’est rapidement dégradée menant les deux spécialistes qui avaient bâti le groupe à quitter le navire, suivies au bout de quelques mois de deux spécialistes de premier ordre.

L’équipe restante a essayé de reprendre le flambeau, mais n’a jamais pu fonctionner pleinement. Malgré la qualité de certains des intervenants l’ensemble des résidents n’a reçu, hors des rares activités fixes hebdomadaires prévues dans leur planning individuel, telles que les ateliers, ou les thérapies, qu’un accompagnement minimal, type gardiennage.

Au printemps 2014, nous avons interpellé un membre du comité de direction pour partager nos inquiétudes. Son intervention a permis la mise en place d’un plan d’action, dont une rencontre périodique entre les parents, la direction, une représentante d’Autisme Suisse Romande, et les accompagnants, pour réfléchir ensemble aux pistes pouvant améliorer l’accompagnement.

Cette initiative s’est arrêtée au bout de trois séances, suite à la détérioration de la qualité de l’accompagnement et au refroidissement de nos relations avec la direction. A la fin 2014, la plupart des membres de l’équipe, ont soit donné leur démission, soit étaient en congé maladie prolongé. Le chef de groupe a été démis de ses fonctions.

Par la suite, la direction a reconstitué une équipe avec de nouveaux éducateurs fixes ou temporaires., géré par d’abord par un chef de groupe ad interim, à 50%, sans expérience avec les autistes, puis par une soi-disant experte, mais confinée à un rôle exclusivement administratif. Le groupe a continué à fonctionner en mode mineur pendant cette période, la valse des éducateurs a continué.

Durant cette période, la direction a occasionnellement mandaté un pédagogue externe, pour aider à l’équipe à réorganiser les activités des résidents et leur espace de vie.

Suivant nos observations répétées de laisser-aller au niveau de l’hygiène, et du peu d’activité offert à nos fils, les parents se sont unis pour dénoncer ces faits au SPAS, service de l’Etat.

Le 3 octobre 2015, les parents ont reçu une lettre anonyme dénonçant la maltraitance sur deux de nos fils. Suite à ce choc, nous avons décidé de porter plainte contre l’institution. Une des familles a repris son fils à la maison, jusqu’à ce que la lumière sur cette affaire soit faite.

Nous avions perdu confiance envers la direction, qui travaillait plus à se disculper qu’à rechercher des solutions pour améliorer les conditions de vie sur le groupe. La direction, mise en cause dans la lettre anonyme, semblait plus intéressée à trouver l’auteur de la lettre, que de vérifier si nos fils étaient vraiment maltraités. Elle a tout de même écarté les deux éducateurs accusés de maltraitance.

Au mois de février 2016, les évènements se sont précipités, il y a eu tout d’abord l’annonce de départ de trois des éducateurs du groupe et de nouveau soupçons de maltraitance par un des éducateurs.

Nous avons interpellé à nouveau la direction pour une rencontre urgente. Celle-ci est finalement agendée le 15 avril, lors de laquelle la direction nous a annonce la dissolution du groupe de vie et la dispersion de la plupart des résidents, dont les parents ont été le plus critique, dans d’autres groupes de vie non spécialisés en autisme. La direction a été incapable de nous expliquer quelles améliorations pour nos enfants elle escomptait en les déplaçant. 

Grâce à l’initiative de la direction d’une institution spécialisée en autisme, avec le soutien de l’Etat, trois de nos fils ont pu la rejoindre au début 2017. Deux autres résidents sont restés sur place, et un autre est depuis chez ses parents.

Nous tenons à remercier toutes les personnes qui nous ont soutenues durant ces années éprouvantes, les membres des associations Autisme Suisse Romande et Solidarité Handicap Mental, le directeur du Foyer, le service du SPAS. Elles nous ont permis de garder l’espoir et de croire en autre notre cause jusqu’au bout!